mardi 23 juin 2009

Ballade littéraire

La Haute Marne et ses villages
à travers la lecture d’écrivains célèbres

« Les villes d’un département sont un peu comme les plantes d’une même famille ; elles ont dans leur physionomie certains traits qui révèlent la parenté commune. La Haute Marne a la spécialité des villes haut perchées, silencieuses, austères et rébarbatives : Chaumont, Langres, Bourmont. Dans ces trois localités, mêmes rues froides sans cesse balayées par un rude vent de bise, même population taciturne, même mine renfrognée et inhospitalière en apparence. Seulement langres tient plus particulièrement du séminaire et de la caserne, Bourmont donne surtout l’impression d’un couvent et d’une geôle ; à Chaumont, le caractère domestique et intime domine. »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.


CHAUMONT
« C’est une ville de bourgeois, mais de bourgeois casaniers, peu communicatifs, aimant à cacher leur vie comme le sage, et à fuir l’œil indiscret des promeneurs. Presque toutes les maisons sont précédées d’une cour humide et sombre, protégée elle même contre la curiosité par un haut mur et une grande porte hermétiquement close. »
« En dépit de ses airs maussades, la ville a une physionomie «amusante », comme disent les artistes…. A droite et à gauche, la roche sur laquelle Chaumont est bâti arrondit en demi-cercle ses flancs boisés. Sur la crête sont rangées en amphithéâtre de vieilles façades que limitent d’un bout le dôme trapu de l’hôpital et de l’autre une massive tour carrée qu’on nomme la tour Hautefeuille. Au pied de la roche parmi des prés d’un ver tendre, ondoie comme un ruban clair la Suize bordée de saules. En face, le viaduc du chemin de fer relie la ville aux plateaux voisins en jetant sur la vallée son gigantesque pont aux trois rangs d’arches aériennes. De temps en temps un train passe ; un blanc panache de vapeur sort d’un massif de verdure et glisse sans bruit entre la terre et le ciel. »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.
« O triste vieux Chaumont, j’aime tes vieilles portes
couvertes d’un semis de clous démesurés,
ou se parant de fleurs et de guirlandes mortes
qui s’effeuillent au soir sur de larges degrés
…..
Voici sur les remparts que heurte la tempête,
La tour encor debout des comtes presque rois
….
Chaumont, triste Chaumont, jadis cité hautaine,
Tu ne sais plus la gloire et ne sais plus l’effroi,
Tu ne redoutes plus quelque fier capitaine
Mais tu n’as plus l’orgueil d’être l’arme du roi. »
D’après Poésies du marquis Gabriel de Pimodan

LANGRES
« Langres est sans contredit (la ville) où les caractères familiaux s’accusent avec le plus d’originalité. Bâtie au sommet d’une colline rocheuse, protégée du côté sud par une citadelle à huit bastions, elle dresse pittoresquement , du côté nord ses tours, son hospice, sa cathédrale au profil sévère et les noires murailles de ses anciens remparts, où se trouve encastré un arc de triomphe gallo-romain. Elle tient du séminaire et de la caserne. Ses rues froides sont balayées sans cesse par un rude vent de bise. Presque toutes les maisons bourgeoises y sont précédées d’une cour humide et sombre, défendue elle-même contre la curiosité par un haut mur et une porte cochère hermétiquement close. Peu de fenêtres sur la rue ; en revanche, de nombreuses ouvertures sur les jardins intérieurs et la campagne. On sent que les habitants ne flânent guère en dehors et mettent en pratique la devise anglaise : « My house is my castle ».
Extrait de Dorine d'André Theuriet.
« Elle regardait curieusement la ville haute perchée sur une colline aride, profilant sur un ciel gris ses remparts bordés d’arbres, ses couvents et son hôpital. Il faisait froid. Elle se glissa toute grelottante dans l’omnibus, qui se mit à gravir lourdement l’âpre montée. »
Extrait de Le sang des Finoël d'André Theuriet.
« Langres est une ville de jadis, ou du moins elle l’était. »
Extrait de Des jours et de gens par Edmond Haraucourt
« … ville mystérieuse pourvue de missionnaires… »
Extrait de Des jours et de gens par Edmond Haraucourt

BOURMONT
« …est un gros bourg qui voudrait avoir des airs de ville. Il est bâti à la crête d’une haute colline dont ses maisons couronnent le sommet. La principale rue est bordée d’une rangée de vieux logis noirs et maussades, construits, au XVIIème siècle, par des familles de gentilshommes lorrains qui sont venus s’y réfugier après le siège et le sac de La Mothe. Ces antiques demeures à façades rébarbatives donnent à la ville une physionomie de cloître et de prison ; mais du haut de leurs fenêtres l’œil embrasse une immense étendue de collines bleuâtres et mamelonnées comme les flots de la mer. »
Extrait de Eusèbe Lombard d'André Theuriet.
« …. Sur une colline du Bassigny, à Bourmont, non loin de Domrémy où naquit Jeanne d’Arc ; la Meuse coule au pied du coteau sur le versant duquel s’érige ma maison natale…. Je revois l’église de Bourmont, où je fus baptisé,….. Saint Thiébault, sur l’autre rive de la Meuse… »
Extrait de Des jours et de gens par Edmond Haraucourt
« Au delà de la rivière, se dresse triomphale la noble silhouette de la petite ville de Bourmont, qui semble une citadelle avancée dominant les marches de la Lorraine voisine.. »
Extrait de Mémoires d’un astronome. Camille Flammarion 1911.


VIGNORY
Les ruines d’un château du temps de Charlemagne ; enfin l’église, qui est du Xème siècle, et que Mérimée a signalée comme un des types les plus complets du style roman… »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.




« Voici Andelot lui même avec ses maisons suspendues comme des balcons au dessus de la voie. A partir d’ici, nous entrons dans le pays du fer et des forges ; encore quelques minutes et les cheminées hautes comme des phares dresseront de tous côtés leurs obélisques empanachés de fumée : forges à Rimaucourt, là bas, sur la Sueur, -une rivière bien nommée, car elle peine rudement à soulever tous ces gros marteaux,- haut-fourneau à Montot, forges et tréfilerie à Manois… ..Quand on voyage de nuit dans ce pays-ci, à voir toutes ces fournaises rouges et béantes, à entendre ces formidables bruits de ferraille, on se croirait mené à toute vapeur au fond d'une vallée infernale. Aussi bien nous y allons, car je te conduis à Orquevaux, le Val d'Enfer («Orci Vallis»)... Nous quittons le chemin de fer à Manois. En dépit de son renom diabolique, Orquevaux, où nous nous rendons à pied, est un village à la mine honnête et pacifique. Le ciel est bleu, les vergers sont pleins d'arbres, la Manoise rit au soleil, et les cloches du dimanche sonnent à toute volée.»
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.

CHATEAUVILLAIN
« parc aux grandes avenues herbeuses »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.

ARC EN BARROIS
« … traversé par l’Aujon, est resserré entre deux coteaux boisés. La petite ville paraît toute ramassée dans ce creux de vallée, avec ses maisons bourgeoises semées au hasard d’un alignement fantaisiste. Les toits ardoisés du château du prince de Joinville, tranchant sur de beaux arbres, donnent à Arc une physionomie avenante et hospitalière. Le clocher gris, voisin du château dont les jardins l’entourent, fait penser à une église anglaise avec la « rectory » confortable, à deux pas. »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.

DANCEVOIR
« Qui veut belles filles voir,
Faut venir à Dancevoir »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.

AUBEPIERRE
« …où sont les ruines de l’abbaye de Longuay et où est né le botaniste Bulliard ; Etufs, abrités sous les grands arbres de son ravin ruisselant de cascatelles aux eaux pétrifiantes ; Rouvres, dont les tourelles étaient empourprées de soleil. »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.

ROCHETAILLEE
« …son pont qui relie les deux versants de la gorge étroite où l’Aujon s’est frayé un passage entre deux parois de rocher. »
Extrait de Charme dangereux d'André Theuriet

VIVEY
« le village dominé de trois côtés par des roches à pic et des escarpements boisés, repose au fond d’un puits de verdure. Les derniers hêtres de la forêt effleurent presque les toitures de pierres plates de ses maisons basses et ramassées autour d’un ruisseau qui sort de la roche. Une étroite langue de prairie sépare seule les habitations du versant opposé, où les arbres recommencent à moutonner. A cent pas du village, la prairie s’élargit un peu, le ruisseau décrit entre les aunelles un petit arc de cercle, et dans la verte presqu’île formée par l’eau capricieuse, s’élève l’ancien manoir seigneurial, dont le modeste corps de logis à toit d’ardoise est flanqué de deux tourelles coiffées en éteignoir. Une allée de tilleuls le relie au village.
Extrait de Raymonde d'André Theuriet

AUBERIVE
« … village enfoui au fond des grandes forêts de la Haute Marne. »
Extrait de Le sang des Finoël d'André Theuriet.
« … entouré de forêts giboyeuses qui s’étendent à plus de trois lieues à la ronde… »
Extrait de La pupille de Monsieur de Valbruant d'André Theuriet.
« … c’est une fête pour les yeux et pour l’esprit qu’un pareil horizon. »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.
« … se creuser à leurs pieds le val d’Auberive avec ses collines boisées, son pont à dos d’âne jeté sur l’Aube et sa route blanche serpentant à mi côte. »
Extrait de Raymonde d'André Theuriet
« l’étang couvert de roseaux frissonnants, les maisons éparses autour de l’abbatiale et le clocher pointu de l’église »
Extrait de Micheline d'André Theuriet.
« l’Aube est une rivière poissonneuse, les bois sont à deux pas. »
Extrait de Micheline d'André Theuriet
« Me voici sur la lisière de la Champagne et de la Bourgogne, dans un coin très accidenté de la Haute-Marne : la « montagne langroise ». Ainsi que l’indique son nom, Auberive est situé au bord de l’Aube, qui prend sa source à deux lieues de là. Bien que sa position géographique en ait fait un chef lieu de canton, Auberive est à peine un village : une vingtaine de maisons bourgeoises perchées sur les roches qui dominent la petite rivière, deux ou trois fermes, une chapelle, un moulin, puis les vastes dépendances d’une ancienne abbaye de bernardins, c’est tout ; mais cela présente à l’œil un ensemble pittoresque et original, surtout quand on suit la chaussée qui relie « l’Abbatiale » au centre du village. Cette allée plantée de vieux tilleuls touffus se nomme « Entre-deuxEaux ». Des deux côtés, en effet, l’eau y court le long des talus, limpide, dorée et susurrante. A droite, des lavoirs, creusés dans la roche qui surplombe, sont à demi voilés de lierre, et sous leur ombre bavardent tout le jour battoirs et lavandières ; la roue du moulin jette bruyamment sa pluie de perles au soleil ; les coqs chantent ; les jardins en terrasse sont pleins de clématites et de dahlias. C’est comme une note joyeuse au milieu du silence des bois environnants. »
Extrait de Sous-Bois d'André Theuriet 1888.
« …à droite et à gauche, apparaissent de blanches maisons neuves coiffées de tuiles rouges… Bientôt dépassant les premières habitations ils s’engagèrent dans une rue aux masures basses, que bordaient des tas de fumiers. »
Extrait de La pupille de Monsieur de Valbruant d'André Theuriet
……
LE BASSIGNY
« un pays plat à perte de vue sur des champs coupés à la règle. … Le paysage est immobile comme un décor et j’en veux à la campagne de son calme et de son silence. Je prends la fièvre à voir cette nature qui ne répond rien. »
Extrait du Journal des frères Goncourt

SOMMERECOURT
« D’abord Sommerécourt, le château de notre grand père, avec son ruisseau à écrevisses. »
Extrait du Journal 22/07/1857 des frères Goncourt

MORIMOND
« Il eut là les restes de la grande abbaye, un morceau de terre digne du nom que lui avaient donné les moines : Mort-au-monde, un coin de nature agreste et magnifique finissant à un étang de cent arpents et à une forêt de chênes qui n’avait plus d’âge, des prés serrés dans des canaux de pierre de taille où l’eau vive coulait sous des berceaux d’arbres, une végétation de désert abandonnée à elle même depuis la Révolution, des sources dans des ombres, des fleurs sauvages, des sentiers de bêtes, des ruines de jardin sur des ruines de bâtiments. Cà et là des pierres survivaient. Il restait la porte, les bancs où l’on donnait la soupe aux mendiants ; ici l’abside d’une chapelle sans toit, là, les sept étages de murs à la Montreuil. Le pavillon de l’entrée, bâti au commencement du siècle dernier, était le seul encore debout, entier, presque intact. »
Extrait Renée de Maupérin des frères Goncourt 1864.

VRONCOURT
« C’est au versant de la montagne, entre la forêt et la plaine : on y entend hurler les loups, mais on n’y voit pas égorger les agneaux. A Vroncourt on est séparé du monde. Le vent ébranle le vieux clocher de l’Eglise et les vieilles tours du château : il courbe comme une mer les champs de blé mur ; l’orge fait un bruit formidable et c’est là tout ce qu’on entend. Cela est grand, et cela est beau .»
Extrait des Mémoires de Louise Michel 1881.
« A l’est, le rideau des peupliers où le vent murmurait si doux, et les montagnes bleues de Bourmont. Lorsque je vis Sydney environné de sommets bleuâtres, j’y ai reconnu (avec un agrandissement) les crêtes de montagnes que domine le Côna. »
Extrait des Mémoires de Louise Michel 1881.

ILLOUD
« Illoud ! Personne ne connaît Illoud ! La géographie a oublié de mentionner ce délicieux petit coin , fait de fraîcheur, de calme, de sites merveilleux et de joies naïves. Il est vrai qu’à cent pas du village on ne saurait le deviner, blotti, accroupi qu’il est au pied des coteaux boisés qui l’enserrent et le protègent contre la rigueur des saisons, si bien qu’il n’y fait jamais trop chaud ni trop froid et que de mémoire d’homme on n’y a jamais vu gelée l’eau de son petit ruisseau. »
Extrait de Histoire très vraie de trois enfants courageux. Berthe Flammarion.
«…étendu le long d’un ruisseau gazouillant qui, de mémoire d’homme, n’a jamais gelé. La vallée est étroite et semble perdue au sein des collines… En bas le ruisseau, qui coule toujours, … Et les sauterelles sautillantes, et les papillons, fleurs vivantes, et les buissons pleins de nids. »
Extrait de Mémoires d’un astronome. Camille Flammarion 1911.
« Avec quelle joie je retrouvai ma chambre au premier, sur le ruisseau toujours gazouillant et sur le verger ! Avec quelle ardeur je courus dès le lendemain à la vigne de la Côte-la-biche, à son bois plein d’oiseaux et au panorama féerique qui s’y développe sur la verdoyante plaine de la Meuse, de Bourmont à Montigny. »
Extrait de Mémoires d’un astronome. Camille Flammarion 1911.

MERRAY
« Mon père s’occupait des machines
Des trains, des michelines
L’hiver on volait du charbon
Qu’on ramenait à la maison »
Extrait de…. Yves Simon

VARENNES SUR AMANCE
« Un demi cercle de collines ; sur la plus haute, un village, j’y suis né, j’y ai passé mon enfance, puis mes vacances de collégiens…. »
Extrait de Je vous écrit Marcel Arland 1960
« Varennes est poignant : cette double rangée de demeures serrées le long de la longue arrête sinueuse. Le lieu fort semble le cimetière carré, là haut face au reste de l’univers. L’esplanade des vivants un peu plus basse n’est pas moins digne entre l’église, la maison commune et une République aux sabots de bronze. Plus bas l’auberge où on mange en paix entre deux rouliers, puis les fermes plus modestes jusqu’à des ruines, jusqu’à la pauvreté, qui règne quand même sur sa campagne et ses bois….. un pays dont on ne peut qu’aimer l’odeur, l’accent et l’allure. »
Extrait de Arland par Jean Grosjean 1962

ECHENAY
« Baignant sa base dans l’écume
Offrant sa muraille aux oiseaux
Le vieux château dort sous la brume
Bercé par la chanson des eaux »
Extrait de ….. Gabriel de Pimodan

ECOT LA COMBE
« C’était un château situé au bord d’un magnifique étang d’eau vive, et entouré de hautes montagnes couvertes de forêts qui s’étendaient dans toutes les directions et à plusieurs lieues à la ronde. Des forges, quelques chaumières habitées par des charbonniers, bordaient les rives de l’étang et formaient un petit village aussi agreste que le site au milieu duquel il était placé. Un climat âpre, des voies de communication impraticables huit mois de l’année, excepté pour les cavaliers et les piétons…. »
Extrait de Les gentilhomme chasseurs. Marquis de Foudras 1864

MONTIGNY LE ROI
« … la vue s’étend sur la plaine de la Meuse, qui coule comme un humble ruisseau vers Bourmont, Neufchâteau et la Lorraine….Dans mon enfance, un sentier partant de notre jardin conduisait au sommet de la montagne, d’où la vue est légendaire, comme celle du château de Clefmont, son voisin, et des anciens remparts de Bourmont. Ces vues panoramiques immenses, presque sans bornes, rivalisent avec celles des remparts de Langres. »
Extrait de Mémoires d’un astronome. Camille Flammarion 1911.

CIREY SUR BLAISE
« Je suis partie avant le jour. J’ai assisté à la toilette du soleil, j’ai eu un tems admirable, des chemins comme ceux d’été jusqu’à Jouinville a la poussière pres… »
Extrait de la correspondance de Madame de Graffigny
« Asile des Beaux-Arts, solitude où mon cœur est toujours demeuré dans une paix profonde
C’est vous qui donnez le bonheur que promettait en vain le monde »
Vers de Voltaire gravés sur la porte d’honneur du château de Cirey

A suivre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire