samedi 27 septembre 2014

La Haute-Marne américaine 1917-1919

 

Quand les sammies cantonnaient dans pratiquement tous les villages du département

 
En septembre 1917, le général Pershing commandant en chef du corps expéditionnaire américain installe son quartier général à Chaumont. C'est le début de l'arrivée des troupes en territoire haut-marnais. Ils viendront par centaines de milliers sur les différentes zones d'entrainement du département, et installeront des hôpitaux gigantesques, des voies ferrées, le téléphone, des écoles, etc. Des travaux titanesques dont chacun a aujourd'hui beaucoup de mal à mesurer l'ampleur et dont il ne reste aucun vestige, tout ayant été vendu et démantelé après l'armistice. Avec leur installation des progrès technologiques et médicaux sont survenus: expérimentation de l'ergothérapie pour soigner les maladies psychiatriques à Lafauche, création de la léwisite encore utilisée dans certains protocoles chimiothérapiques, adoption de l'aviation et création de l'armée de l'air américaine, ainsi que des corps de chars de combat à Bourg, la création de la 2ème division américaine à Bourmont, etc...  
On y enseigne la guerre des tranchées, des gaz, la météorologie, le renseignement, à Langres, on y forme des postiers, des aumôniers, des musiciens, des officiers et sous-officiers, des conducteurs de chars, etc. Des parcs de matériels, des usines d'entretien et des terrains d'aviation voient le jour, etc. Cet ouvrage décrit, grâce aux notices rédigées par les instituteurs,  aux historiques régimentaires américains, ainsi que par des ouvrages sur l'histoire de l'armée américaine, les conditions de vie des sammies et le choc des cultures entre les ruraux du vieux monde et les urbains venus d'outre atlantique. Des témoignages d'époque viennent compléter le point de vue que chacun avait sur l'autre, le tout pour essayer de vivre ensemble pendant tout le temps que dura l'intervention américaine.  
Un livre à offrir ou à s'offrir pour mieux connaître cette page d'histoire de notre département aujourd'hui oubliée au profit de l'intervention américaine de la seconde guerre mondiale. Prix 25,00 + 4,65 euros de port. Les commandes peuvent se faire directement auprès de l'auteur de ce blog à l'adresse didier.desnouvaux@laposte.net
 
 

 

mercredi 6 août 2014

Les premiers morts de la guerre de 14


Pour ne jamais oublier
Lu dans le Petit Haut-Marnais des samedi 15 et dimanche 16 aout 1914:
« Chaumont, 14 aout 9 heures ½ matin.
René Stéphane Meilley, né à Villiers le Sec, caporal au 152ème d’infanterie, 24 ans, tué sur le champ de bataille à Lutterbach, le 9 aout à 18 heures…
La nouvelle vient de tomber sur Chaumont.
Et les femmes, saisies d’angoisse, longuement, se sont regardées. C’est le premier. L’affreuse chose qu’est la mort, a commencé de bouger. Sa froide main décharnée s’est posée sur un jeune front. Haut les cœurs !  La mort n’est cruelle qu’à ceux qui demeurent : les défunts ne souffrent plus. Tué à l’ennemi !....  Ce n’est pas la fin inutile de l’homme qu’emporte une maladie, que couche dans la terre un stupide accident. C’est la fin utile et nécessaire hélas !  la fin glorieuse du soldat qui s’est levé pour défendre une idée et une réalité, les immortels principes de la justice et du droit, l’indépendance morale, l’intégrité matérielle de sa Patrie. Mais une femme que nous saluons pleure et défaille : parce qu’il a protégé nos foyers menacés, plus jamais son fils ne reviendra au sien, au tiède foyer maternel. La mort !... la guerre qui a déchainé la mort ! l’Allemagne qui a déchainé la guerre !… ah ! les gueuses ! »
Contrairement à ce qu’affirme le journaliste du Petit Haut-Marnais, ce caporal du 152ème d’infanterie mort le 9 aout 1914 à Luspach n’est pas le premier militaire du département mort pendant ce conflit. Il a oublié Germain Dangois, né le 7 avril 1871 à Serqueux, soldat du 51ème Régiment d’Infanterie Territoriale tué le 5 aout 1914 à Plesnoy, tamponné par un train alors qu’il était en service.
C’est certes moins glorieux que de tomber sous les balles ennemies, mais la douleur des familles a été la même. Il n’y a pas de hiérarchie dans les Morts pour la France.
Le premier officier sera Abel Morat du 109ème Régiment d’Infanterie, né le 15 aout 1891 à Dommartin-le-Saint-Père, tué le 14 aout 1914 à La Plaine la veille de son vingt-troisième anniversaire.
Le 20 aout 1914 verra une véritable hécatombe : 5 tués haut-marnais sont à déplorer à Morhange dans les rangs du 160ème Régiment d’Infanterie.
LAIGNELET  Eugène Marie  né le 02-12-1881  à Romain-sur-Meuse         
MICHELIN  Marceau  né le 07-05-1888  à Thonnance les Moulins             
MOUGIN  Jules Henri  né le 10-10-1881  à Goncourt        
PICAUDE  Henri Joseph Marie né le 20-05-1881  à Graffigny Chemin      

THIVET  François Prosper  né le 04-11-1881  à Ravennefontaines
Le régiment chaumontais du 109ème RI aura malheureusement aussi son contingent de tués en 1914
GROSSETETE  Eugène Elie Victor  25-06-1889  Varennes sur Amance sous lieutenant mort le 29 ocotbre 1914 à Rentoire Pas de Calais  
GUILLEMIN  André Jules  27-07-1887  Laferté sur Aube mort le 20 – 09 -1914  Perthes les Hurlin (Marne)
Mort du 21ème RI en 914
MEULLE  Cyrille Auguste  18-06-1885  Voisey mort le 24 aout 1914 à Celles sur Plaine (88)
Le 221 RI aura aussi des pertes en 1914
ANDRE  Clément Marie Joseph  18-11-1887  Bannes mort le 22 08 1914 Sainte Marie aux Mines  
LINOTTE  Auguste Désiré  31-08-1884  Broncourt disparu à Sainte Marie aux Mines le 22 08 1914.   
MAROT  Maurice Henri  10-05-1887  Ecot mort le 21 08 1914 Krenz Haut Rhin alors qu’il était prisonnier.
Ce ne sont malheureusement que quelques exemples des trop nombreux décès qui auront lieu pendant ce conflit inutile.

vendredi 3 janvier 2014

Il y a 100 ans: La garde communale haut-marnaise de 1914


Un échec annoncé
Les corps spéciaux de garde civile, appelée aussi garde communale, sont une institution éphémère dont l’existence est attestée d'août à octobre 1914, mais qui fait l'objet de discussions entre 1913 et 1920. Dans son principe, il s'agit d'une milice composée de «citoyens de bonne volonté» qui se charge de maintenir l'ordre pendant la période de mobilisation, quand les besoins de surveillance s'accroissent et que l'effectif des forces de police se réduit.

Le 31 décembre 1913, le ministre de l’intérieur rend un rapport au président de la république, dans lequel il expose tout l’intérêt de la création d’une garde civile, et notamment que « La mobilisation aura pour effet de restreindre considérablement les forces de police qui, dans les agglomérations aussi bien que dans les campagnes, sont chargées de veiller au maintien de l'ordre et de la tranquillité publics. Le Gouvernement doit donc, dès le temps de paix, non seulement prévoir les mesures propres à assurer une surveillance aussi active qu'en période normale, mais encore se préoccuper de renforcer ses moyens d'action pour faire face aux nécessités d'une situation exceptionnelle. ». On s’attend donc bien à une entrée en guerre prochaine.
L’affaire est, sinon urgente, pour le moins entendue, puisque le décret d’application ne se fait pas attendre. Il est publié le 7 janvier 1914 :
Art. 1. Des corps spéciaux de gardes civils seront organisés dans les agglomérations importantes et partout où l'autorité le jugera utile. Ils auront pour mission de coopérer au maintien de l'ordre et de participer aux mesures de sécurité générale en temps de guerre dans les limites de leurs circonscriptions qui seront fixées par arrêté préfectoral.
Art. 2. Les gardes civils relèveront de l'autorité des Préfets dans les départements, du Préfet de Police dans l'étendue de son ressort.
Art. 3. Les corps spéciaux prévus à l'article 1er seront composés exclusivement de volontaires recrutés parmi les hommes suffisamment robustes et dégagés de toute obligation militaires.
Art. 4. L'engagement des gardes civils pourra être contracté dès le temps de paix ; il s'étendra à la durée de la guerre. Cet engagement pourra être résilié par les Préfets soit d'office, soit pour des raisons de santé, sur la demande des intéressés.
Art. 5. En cas d'invasion par l'ennemi du territoire de la circonscription à laquelle ils sont affectés, ces corps spéciaux sont dissous et l'effet des engagements prend fin ipso facto.
Art. 6. Les gardes auront droit à une indemnité journalière de subsistance dont le taux sera fixé pour chaque département, conformément aux instructions du Gouvernement.
Art. 7. Les gardes civils devront être munis d'un revolver dont le prix leur sera remboursé, sur leur demande, au moment de la mobilisation.
Art. 8. A ce même moment, les gardes civils recevront comme insigne un brassard de couleur vert olive portant le nom du département, un numéro d'ordre et le cachet de la Préfecture.
Art. 9. Une médaille spéciale sera accordée, sur la proposition du Préfet, aux gardes civils qui auront rempli avec zèle et discipline les fonctions qui leurs sont confiées.
Art. 10. Des arrêtés préfectoraux détermineront l'organisation des corps et détachements et en désigneront les chefs de tous rangs.
Art. 11. Les Ministres de l'Intérieur, des Finances et de la Guerre, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Ce décret, comme le rapport qui l’a précédé, s’appuie sur les remontées préfectorales et les besoins locaux en matière de soutien à la gendarmerie. C’est ainsi que le 21 juin 1913 le préfet de la Haute-Marne, dans son rapport au ministre de l’intérieur écrit que « à la date du 8 avril dernier [1913], que les villes de Chaumont Langres et Saint-Dizier, me paraissent être les seuls centres du département, ou pourraient être créés des groupements de gardes communales. ». Mais il ajoute qu’à Chaumont huit sapeurs-pompiers et leur capitaine pourraient déjà en faire partie sans avoir recours à d’autres éléments, qu’à Langres, le manque d’effectifs de gendarmerie pourrait nécessiter une vingtaine de volontaires, et que pour Saint-Dizier une cinquantaine de gardes seraient à recruter. Cela ne semble pas relever de l’urgence. Le général du VIème corps d’armée est plus réaliste puisqu’il propose le 20 août 1913 Saint-Dizier, Wassy, Eclaron, Montier en Der et Chevillon pour le nord haut-marnais.
En mars 1914, les municipalités font remonter leurs listes et les fiches d'engagement des volontaires à la préfecture. La liste haut-marnaise est la suivante :
En juin 1914, le ministère de l'Intérieur demande l'organisation des détachements.
Il faudra cependant attendre le 2 août 1914, soit à la déclaration des hostilités, pour que le préfet se décide à publier un arrêté instituant des corps spéciaux de gardes civils, avec la nomination des responsables. La liste des communes concernée est la suivante :
Chaumont, Nogent, Châteauvillain, Arc en Barrois, Langres, Rolampont, Prauthoy, Hortes, Balesmes, Saint-Dizier, Joinville, Gudmont, Perthes, Roches sur Marne ; soit une quinzaine de communes d’importances différentes.
Le même arrêté précise que tout volontaire doit s’engager pour la durée de la guerre. Un brassard de couleur vert olive au nom du département est créé. La loi fixe une indemnité de fonction qui est au minimum de 3 fr. par jour pour les gradés et de 2 fr. pour les hommes. Elle peut être fixée dans chaque département à un montant plus élevé sans que ce dernier excède 4 fr. 50 pour les gradés et 3 fr. pour les gardes.
L’action des gardes civiles communales est peu connue au niveau départemental. En pratique leurs activités semblent s’être résumées à de la surveillance des passages à niveau. Ils connaissaient relativement bien les habitants du secteur, et pouvaient ainsi déceler tout passage non autorisé d’étrangers.
Il faut bien dire que les gardes communales ont à peine eu le temps d’entrer en fonction !
Le préfet ayant nommé les responsables le 2 août, à peine plus de deux mois après, le président de la République publie un décret qui  stipule dans son article premier « Les corps spéciaux de gardes civils institués en conformité des dispositions dudit décret, seront supprimés à partir du 1er novembre 1914 ». Officiellement supprimé dans le département le 20 octobre 1914, les révolvers et cartouches des gardes civils volontaires  ont été remis aux directeurs des parcs d’artillerie de Langres et d’Epinal. Les armes ont servi à l’équipement des appelés.
Sources: Archives de Haute-Marne R729; http://combattant.14-18.pagesperso-orange.fr