vendredi 1 octobre 2010

Voyager sous l'ancien régime

La poste aux chevaux

    Après la guerre de Cent Ans, le royaume de France réorganise ses moyens de transports. C'est ainsi qu'en 1477 , sous l'impulsion de Louis XI , sont créés des "relais de poste". Ils sont espacés en fonction des routes, des reliefs et des nécessités topographiques: entre quatre et cinq lieues (16 à 20 km), rarement plus. Ils sont dirigés par des tenants-poste, ancêtres des maîtres de poste.  Louis XII met le service des relais de poste à la disposition des voyageurs en 1506. Sous le règne de Louis XV. le réseau routier français est réparé et modernisé. Beaucoup de nouvelles routes sont tracées. Elles sont mieux adaptées aux exigences du transport des marchandises et des voyageurs. Dès 1620, Chaumont avait organisé la première messagerie de Paris. Deux émissaires partaient de Chaumont le dimanche, arrivaient à Paris le jeudi, distribuaient colis et lettres vendredi et samedi et repartaient le dimanche suivant.
En 1672, est créée une "Ferme générale des Postes".
Si toutes ces marchandises peuvent être acheminées à travers la France, c'est que, par ailleurs, le « réseau de transports routiers » de l'époque est déjà bien organisé: le carrosse de Dijon que l'on emprunte pour gagner Besançon ou la Suisse, la messagerie de Chaumont vers « Rheims » et Epernay, celle de Neufchâteau vers Metz, le courrier de la malle pour aller à Strasbourg et en Allemagne. Le réseau des routes s'améliore en effet depuis la moitié du XVIIIe siècle. En 1788 on compte 12.000 Lieues pour l'ensemble de la France. Mais l'état des chemins de traverse reste déplorable, ce qui oblige à des détours comme on peut en juger : pour gagner Bordeaux, il faut passer par Paris ! Cependant les transports semblent déjà fort réguliers : visiblement il s'agit là de départs sinon à heures fixes, du moins à jours fixes. En 1788 on compte six départs par semaine vers Nancy et Metz ; à la fin du siècle, cinq départs Paris-Lyon. Mais sur beaucoup de lignes il n'existe encore qu'un seul départ par semaine.
Au début du XIXe siècle, sous le Premier Empire, il existe près de 1 400 maîtres de poste; 16 000 chevaux sont répartis dans les différents relais.
En 1827, sous Charles X, les 2 services publics : "la Poste aux lettres" et "la Poste aux chevaux" sont officiellement associés. Les relais de poste se transforment petit à petit en écuries, pour permettre la poursuite de l'acheminement du courrier avec des chevaux frais, en auberges pour la restauration du personnel des Postes et des voyageurs, et en gîtes pour leur hébergement.
Au milieu du XIXe siècle, concurrencés par le chemin de fer les "relais de poste" voient leur fréquentation baisser inexorablement; ils ferment officiellement en France à la fin du règne de Napoléon III.

En 1808, il y a dans le département de la Haute-Marne vingt relais de poste aux chevaux.

Route N°10 de Paris à Strasbourg
De Longchamp jusqu'à Saint Dizier 1poste 1/2 (Une poste équivaut à 2 lieues)
De Saint Dizier à Sauldrup (55) 1 poste 1/2

Route N°11 de Paris à Bâle
De Bar sur Aube à Colombey les deux Eglises 1 3/4
De Colombey à Juzennecourt 1 p
De Juzennecourt à Chaumont 2 p
De Chaumont à Vesaignes 2 p
De Vesaignes à Langres 2 p
De Langres à la Griffonnotte 1 1/2p
De la Griffonnotte à Fayl Billot 1 1/2
De Fayl Billot à Cintrey (70) 1 1/2

Route n°60 de Verdun à Chalons sur Saône devenu de Sarreguemines à Chalons en 1836
De Neufchateau (88) à Saint Thiebault 2 1/2
De Saint Thiebault à Clefmont 1 1/2
De Clefmont à Montigny 1 1/2
De Montigny à Langres 2 1/2
De Langres à Longeau 1 1/2
De Longeau à Prauthoy 1 1/2
De Prauthoy à Thil Chatel (21) 2 1/2

Route N°74 de Reims à Chaumont
De Longchamp jusqu'à Saint Dizier 1poste 1/2
De Saint Dizier à Laneuville à Bayard 2 poste
De Laneuville à Bayard à Joinville 2 postes
De Joinville à Vignory  2 1/2
De Vignory à Chaumont 2 1/2

Route n°75 de Nantes à Strasbourg
De Brienne (10) à Tremilly 2 1/2
De Tremilly à Dommartin 1 1/2
De Dommartin à Joinville 2 1/2
De Joinville à Saudron 2
De Saudron à Houdelaincourt (55) 1 3/4

Route n°84 de Longeau à Gray
De Longeau à Champlitte (70) 3 postes

Route de Chaumont à Bourbonne
De Chaumont à Mandres 2
De Mandres à Montigny 2 p
De Montigny à Bourbonne 2 1/2
De Bourbonne à Lignéville (88) 2 3/4

En 1836/1837 il ne reste plus que les lignes régulières suivantes:

Route de Neufchateau à Bonny sur Loire
De Neufchateau à Prez sous Lafauche
De Prez sous Lafauche à Rimaucourt
De Rimaucourt à Chaumont
On voyageait agréablement en malle-poste, mais le prix de transport était élevé et, de plus, il fallait retenir sa place plusieurs jours et quelquefois plusieurs semaines à l'avance, et payer au moins les deux tiers du trajet total pour être sûr de partir ; ainsi un voyageur qui voulait prendre la malle de Strasbourg pour Saint-Dizier, Vitry ou Châlons, devait payer sa place jusqu'à Nancy. Le départ des malles à Paris était un objet de. curiosité pour les habitants de la capitale ; on en voyait toujours un grand nombre autour de l'hôtel des postes au moment du départ. Toutes se mettaient en mouvement à la même heure, à 6 heures précises ; elles sortaient presque en même temps, se dirigeant vers les points les plus différents ; à 6 heures 10, toutes étaient parties. Les malles étaient attelées de 5 chevaux percherons et faisaient de 12 à 16 kilomètres à l'heure. Les relais, préparés à l'avance, ne duraient qu'une ou deux minutes, puis on repartait au galop ; c'était presque l'allure ordinaire.

Passé la première moitié du XIXème siècle, on ne peut plus dire que la Poste aux Chevaux existe encore en Haute-Marne. 

Sources: Annuaires administratifs; Cahiers haut marnais.

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