dimanche 1 août 2010

J'ai pas de sous !

Une chanson haut-marnaise

Cette chanson comme tant d'autres a été chantée par un des nombreux "tourlourous" dont rares sont ceux qui ont quitté l'anonymat de ce Paris de la Belle Epoque.
Ce monologue est l'oeuvre d'un jeune poète de Saint Dizier Paul Durand qui l'a écrit 1889. Si ce n'est pas le tube de l'été 2010, ce refrain est trop souvent d'actualité en cette période de crise.
     

 

Tous les favoris de la fortune

sont d'une gaieté peu commune.

Moi je suis triste comme un hibou,

j'ai pas le sou.

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A la banque ils ont des avances

pour faire face à leurs échéances

Moi je peux pas joindre les deux bouts,

j'ai pas le sou.

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I z'ont des chevaux des voitures

des cochers chargés de dorures.

Moi j'arpente sur mes deux bambous,

j'ai pas le sou.

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Ils ne cessent pas de faire de ripailles

Pour eux, c'est le cimetière des volailles.

Moi je ne mange que des trognons de chou,

j'ai pas le sou.

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Ils se couchent tard suivant leur coutume,

au moins ils ronflent sur la plume.

Moi je sommeille sur les cailloux,

j'ai pas le sou.

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Ils portent gilets, redingotes,

ils ne mettent jamais la même culotte.

Moi je ne m'habille qu'avec des trous,

j'ai pas le sou.

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Ils ont presque tous des maîtresses

les femmes les mangent de caresses.

Moi pas une ne me fait les yeux doux

j'ai pas le sou.

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Ils sont bien vus, on les salue

dès qu'on les aperçoit dans la rue

Moi je suis regardé comme un voyou

j'ai pas le sou.

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La tour Eiffel, voilà leur toquade,

c'est à celui qui l'escalade

Moi, je me contente de regarder dessous,

j'ai pas le sou.

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Ils ont des bagues, ils ont des broches,

même dans leurs poches.

Moi, je ne sais pas ce que les bijoux,

j'ai pas le sou.

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Ils vont presque toutes les semaines

entendre Paulus dire des rengaines.

Moi, j'écoute chanter les coucous,,

j'ai pas le sou.  

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Ces gaillards là se rougissent la trogne

avec du Bordeaux de Bourgogne.

Moi je me désaltère comme les loups,

j'ai pas le sou.

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Ils vont au bal de la présidence

de la préfecture ont ils de la chance.

Moi, je danse devant le buffet. Que voulez vous,

j'ai pas le sou.

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Pour le tabac, ils ne sont pas avares

ils ne fument que de bons cigares.

Moi pour fumer, je ramasse les bouts,

j'ai pas le sou.

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On en voit qui passent leurs journées

à la recherche de vieilles monnaies.

Moi, je ramasse des pièces sur les genoux,

j'ai pas le sou.

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Ils ne lisent que des oeuvres choisies,

des romans chics, des poésies.

Moi, je ne lis que ce que je trouve dans les égouts,

j'ai pas le sou.

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Si leurs belles mères les embarrassent,

à Bicètre, ils leurs trouvent une place.

Moi, je ne peux pas mettre la mienne chez les fous,

j'ai pas le sou.

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A la bourse, ils font des pertes,

ils se mettent dans des colères vertes.

Moi, je ne me mets jamais en courroux,

j'ai pas le sou.

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Ils se font un plaisir d'être malade.

Ils ont des onguents, des pommades.

Moi, je peux pas faire passer ma toux,

j'ai pas le sou.

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Jamais leur barbe ne devient grise

Ils se la peinturent à leur guise.

Moi, je peux pas teindre mes poils roux,

j'ai pas le sou.

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Si devant la justice on les demande

on ne les condamne qu'à l'amende.

Moi, je couche toujours sous les verrous,

j'ai pas le sou.

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A leur mort, leurs proches se font le passage,

non sans faire grand tapage.

Moi quand je mourrai, je ne ferai pas de jaloux,

j'ai pas le sou.

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